Débandé
:
À
L’ÉCOLE
D’UN
RÉSISTANT
« Éric
est
un
prof
«
discipliné,
difficile,
mais
juste
».
Sa
recette
n’a
cependant
plus
la
cote
à
l’école
secondaire.
Son
cynisme
fait
réfléchir.
« Peu
importe
la
manière
de
le
prendre,
le
roman
Débandé
dépeint
sans
fioriture
le
monde
de
l’éducation.
« L’ouvrage
met
en
scène
un
narrateur,
Éric,
enseignant
dans
une
polyvalente
de
Montréal
et
adepte
d’une
stricte
discipline.
Pas
de
passe-droit,
de
la
tenue,
sinon
expulsion
du
cours.
La
normalisation
des
notes
l’exaspère,
les
nouveautés
pédagogiques
aussi.
« Ce
regard
implacable
a
de
quoi
séduire
tous
ceux
qu’exaspèrent
les
travers
actuels
de
l’école.
« Mais
le
propos
de
Sylvain
Larose,
l’auteur,
est
plutôt
de
démontrer
qu’Éric
est
un
homme
dépassé.
D’ailleurs,
il
l’oppose
à
une
jeune
enseignante
anarchiste,
qui
fait
tout
le
contraire
de
son
aîné.
« Cette
prof
est
l’alter
ego
de
Larose,
qui
enseigne
lui-même
au
secondaire
et
a
publié
un
essai
intitulé
Être,
agir,
enseigner
en
tant
qu’anarchiste
à
l’école
secondaire.
Avec
Débandé,
il
passe
cette
fois
par
la
fiction
et
le
contraire
de
ce
qu’il
prône
pour
faire
valoir
son
point.
Un
méchant
attachant
« Heureusement,
l’auteur
évite
la
lourdeur
du
roman
à
thèse.
On
est
plutôt
dans
une
histoire
prenante
dont
le
narrateur,
malgré
ses
défauts,
gagne
notre
sympathie.
« Ce
qu’Éric
veut,
c’est
préserver
les
manières
de
faire
qui
l’ont
guidé
toute
sa
carrière
;
pourquoi
en
changer
?
En
même
temps,
il
se
sent
responsable
des
élèves.
Dans
ses
temps
libres,
il
va
même
donner
un
coup
de
main
à
la
Maison
des
jeunes
du
quartier.
« Il
est
trop
sûr
de
son
fait
pour
être
aimable,
mais
on
apprécie
sa
sincérité.
Dans
un
téléroman,
Éric
serait
le
méchant
auquel
on
s’attache
!
« Et
comme
on
est
dans
sa
tête,
il
n’y
a
aucune
censure
quand
il
évoque
les
élèves,
les
parents,
ses
collègues
et
les
spécialistes
de
la
gestion
de
classe.
Tant
de
fiel
fait
sourire
!
« On
va
même
s’amuser
franchement
à
certains
moments.
Ainsi,
chargé
de
faire
le
guet
pendant
la
nuit
lors
de
la
classe
de
neige,
Éric
a
ses
trucs
pour
ne
rien
laisser
passer.
Que
de
futurs
souvenirs
mémorables
pour
les
élèves
qui
râlent
!
« Éric
est
donc
partisan
de
la
dureté.
Parti
d’une
comparaison
de
l’enseignement
avec
le
régime
militaire
nazi,
ce
qui
n’est
guère
subtil,
Sylvain
Larose
fait
heureusement
évoluer
son
personnage
vers
un
questionnement
très
humain.
« Sa
nouvelle
collègue
anarchiste
énerve
Éric,
mais
elle
devient
peu
à
peu
un
repère.
Tiens
donc,
elle
a
le
tour
avec
les
élèves
!
Et
quelle
déroute
pour
lui
quand
il
constate
à
quel
point
il
déplaît,
lui
qui
était
persuadé
que
les
élèves
finiraient
par
apprécier
la
justesse
de
son
attitude.
« Certes,
Éric
s’enfonce
en
refusant
toute
concession
pour
s’adapter
aux
temps
nouveaux,
mais
il
n’est
ni
bête
ni
blasé
;
il
est
surtout
très
crédible.
Et
si
son
cynisme
n’est
pas
du
goût
du
jour
pour
ses
élèves,
il
fait
nos
délices
à
nous,
lecteurs
!
« Larose
l’anarchiste
a
su
rendre
l’âme
et
le
cœur
de
son
prof
trop
strict,
en
voie
d’extinction. »
Josée
Boileau,
Le
Journal
de
Montréal
[Sylvain Larose participera dimanche à la table ronde « Réfléchir aujourd’hui à l’éducation de demain » au Salon du livre de Montréal.]