Boileau_Président

Monsieur le Président : Le fragile moral des troupes

Quel est, au sein d’une entreprise, le poste qui permet de côtoyer tout le monde, de passer d’un bureau à l’autre, de fouiner sans que personne prenne garde à vous ? Celui de préposée à l’entretien, comme l’est Léa. […] Léa a soif de normalité et d’appartenance ; de fierté aussi. Chez Kaffa, on retrouve tout cela : une « tribu joviale, colorée et soudée comme les doigts de la main ». […]

Mais un jour Émile, malade, doit laisser sa place. C’est l’arrivée de Monsieur le Président […] Un vrai gestionnaire celui-là, aux mots rassurants, mais aux plans bien nets. Il faut davantage de profits, donc couper le superflu. Et dans ce superflu trônent au premier chef les employés. Ceux qui seront mis à la porte deviennent vite les Oubliés, ceux qui restent apprennent à se comporter en Survivants.

L’originalité du récit de Danielle Pouliot, c’est qu’il nous est livré par une narratrice en marge des jeux de pouvoir et qui n’est pas ciblée en soi par les restrictions budgétaires. […]

Il y a là un suspense psychologique qui fait tourner les pages, bien porté par une Léa qui se promène entre candeur et amertume. De quoi faire réfléchir. Josée Boileau, Le Journal de Montréal, 5 déc. 2020.

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